Revue de la littérature SFCO novembre 2019 Dr. Cousty
Un outil dans le suivi clinique des patients atteints de pemphigoïde cicatricielle…
Validation of an Oral Disease Severity Score (ODSS) tool for use in oral mucous membrane pemphigoid.
Ormond M, McParland H, Thakrar P, Donaldson ANA, Andiappan M, Cook RJ, Escudier ME, Higham J, Hullah E, McMillan R, Taylor J, Shirlaw PJ, Challacombe SJ, Setterfield JF.
Br J Dermatol. 2019 Sep 30. doi: 10.1111/bjd.18566
Résumé :
Les maladies bulleuses auto-immunes sont des maladies rares. La signature clinique de cette réaction auto-immune, résulte dans la formation de bulles cutanées ou des muqueuses externes. La pemphigoïde cicatricielle (PC) est une dermatose bulleuse auto-immune (DBAI) sous épidermique. Elle survient préférentiellement chez le sujet âgé (âge moyen entre 60 et 70 ans), avec une certaine prédominance féminine. Son incidence annuelle est en France d’environ 70 nouveaux cas. La forme clinique la plus fréquente touche les muqueuses, notamment buccale et oculaire.
La cible immunologique des autoanticorps appartient à la zone de jonction dermo-épidermique. L’immunofluorescence directe sur biopsie de la muqueuse buccale, met en évidence des dépôts d’IgG, d’IgA et/ou de C3 sur la membrane basale épidermique. C’est une maladie chronique. Différentes lignes thérapeutiques existent. La prise en charge de cette maladie repose sur un suivi clinique précis, rigoureux et répété à chaque visite. Le suivi clinique des patients est un challenge pour le praticien, il est le critère d’évaluation de la bonne / mauvaise réponse au traitement. Actuellement, il n’existe pas de « scoring clinique » validé pour la pemhigoïde cicatricielle. Différents outils existent, tels que le « Mucous Membrane Disease Area Index (MMPDAI) » et le « Autoimmune Bullous Skin Disorder Intensity Score (ABSIS) ».
Cette étude démontre que le score ODSS est sensible et reproductible, dans le suivi de la pemphigoïde cicatricielle. Néanmoins, ce score divise la cavité buccale en 17 sites, ce qui nécessite un apprentissage de la part du clinicien. Mais sa polyvalence en fait un outil intéressant dans le suivi clinique des patients. En effet, ce score a déjà été validé dans le suivi du lichen plan buccal et des lésions orales du pemphigus vulgaire.
Les « petites » pathologies buccales …
Pharmacists’ clinical competency towards oral mucosal diseases: Results from a mystery shopper study. Al-Amad SH, Ghebeh M, Saloum P, Maarouf TB, Moustafa YM, Younis Z. Oral Dis. 2019 Oct 9
Résumé :
Les atteintes de la muqueuse buccale sont fréquentes et heureusement le plus souvent bénignes : aphtes, traumatismes muqueux, … Le pharmacien d’officine est fréquemment sollicité ; il a à sa disposition, pléthore de bains de bouche, gels, comprimés à sucer, … qu’il peut proposer au patient afin de le soulager. Pour de nombreux patients, il est plus rapide et plus pratique de consulter un pharmacien pour obtenir des conseils et des traitements, que de consulter un médecin ou un dentiste. L’accessibilité de la cavité buccale à l’inspection visuelle permet de détecter les modifications de la muqueuse buccale. Cependant, pour un examinateur peu expérimenté et potentiellement insuffisamment formé, une mauvaise analyse de ces lésions buccales étiquetées à tort comme bénignes, peut entraîner un retard de diagnostic et de prise en charge.
Les maladies buccodentaires sont le plus souvent considérées comme des infections dentaires ou gingivales banales ou des affections inflammatoires qui peuvent être gérées avec des analgésiques, antiseptiques ou anti-inflammatoires en vente libre.
L’étude présentée dans cet article, s’intéresse aux conseils cliniques délivrés par les pharmaciens aux patients présentant diverses lésions muqueuses buccales.
Une vingtaine de pharmaciens de trois grandes villes des Émirats arabes unis ont été sollicités par des « faux patients », représentés par des étudiants en odontologie expérimentés agissant comme des « acheteurs mystères ». Ces derniers ont montré aux pharmaciens une image de l’une des quatre lésions de la muqueuse buccale suivantes : une candidose, un aphte, un lichen plan érosif et un carcinome épidermoïde. Les réponses des pharmaciens (orientation vers un chirurgien-dentiste, orientation vers un médecin, vente d’un médicament…) ont été analysées.
Quatre-vingt-huit pour cent (88 %) des pharmaciens ont administré un médicament sans ordonnance pour traiter les lésions buccales, y compris face à la photo de carcinome épidermoïde. Seulement 12 % ont recommandé au patient de consulter un spécialiste.
Cette étude a été menée aux Émirats arabes unis et ne peut donc pas être transposable à la situation française. Elle amène cependant à poser la question de la formation de nos collègues pharmaciens face, notamment, à la pathologie de la muqueuse buccale. Il est indiscutablement souhaitable que les pharmaciens puissent être des relais de proximité efficaces pour nos patients.