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Revue de littérature - Mars 2015

Incidence de l’endocardite infectieuse en Angleterre : vers un retour en arrière ?

Dr Laurent Devoize

Dayer MJ, Jones S, Prendergast B, Baddour LM, Lockhart PB, Thornhill MH. Incidence of infectiveendocarditis in England, 2000-13: a secular trend, interrupted time-seriesanalysis. Lancet. 2014;(ahead of print).

Résumé :

Les changements récents dans l’antibioprophylaxie de l’endocardite infectieuse aux Etats-Unis et en Europe ont sensiblement réduit le nombre de patients pour lesquels une antibioprophylaxie est recommandée. A l’heure actuelle, en France, seuls les patients à haut risque d’endocardite infectieuse nécessitent une antibiothérapie prophylactique pour toute procédure pouvant entrainer une bactériémie significative. Au Royaume-Uni, en mars 2008, l’Institut national pour la santé et l’excellence clinique (NICE) est même allé jusqu’à recommanderune cessation complète de l’antibioprophylaxie pour la prévention de l’endocardite infectieuse.  Les auteurs de cet article ont analysés de manière rétrospective l’effet de cet arrêt brutal sur le nombre de cas d’endocardites déclarées par les structures hospitalières anglaises, ceci sur une période de 13 ans, allant de 2000 à 2013. Les résultats ont montré une baisse drastique de la prescription d’antibiotiques, passant de 10900 à 2236 prescriptions par mois ; se basant sur les chiffres de déclaration de 2000 à 2008, la tendance de survenue d’une endocardite a été évaluée à 0,11 cas pour 10 millions d’habitants ; En mars 2013, 35 cas par mois ont été signalés en plus de que ce qui aurait été attendu si l’on avait suivi les prévisionsde cette tendance.Un autre résultat important de cette étude montre que cette augmentation de l’incidence de l’endocardite était aussi importante pour les individus à haut risque d’endocardite infectieuse que pour ceux à faible risque.

Bien que leurs données n’établissent pas un lien de causalité, il est tout de même mis en exergue que l’incidence de l’endocardite infectieuse a considérablement augmenté en Angleterre depuis l’introduction des directives de NICE 2008.

Commentaire :

Cet article, publié dans une revue de prestige (The Lancet), ne permet néanmoins pas de donner de conclusions formelles, certaines d’entre elles pouvant être sujettes à caution.  Divers facteurs de confusion pourraient expliquer une incidence accrue de l’endocardite infectieuse indépendamment de tout changement dans les lignes directrices de l’antibioprophylaxie. Le changement pourrait être causé, par exemple, par une augmentation du nombre de personnes à risque d’endocardite infectieuse résultant de plusieurs facteurs: vieillissement de la population, augmentation du nombre de patients ayant bénéficié de l’implantation de dispositifs intracardiaques, augmentation de la prévalence du diabète, etc. Il n’y a également aucun argument prouvant qu’il s’agit d’endocardites ayant pour origine une bactériémie à streptocoques buccaux…

 

Quels sont les facteurs de risque de lésion du nerf alvéolaire inférieur pour l’avulsion des dents de sagesse mandibulaires ?

Dr Laurent Devoize

Sarikov R, Juodzbalys G. Inferioralveolar nerve injuryaftermandibularthirdmolar extraction: a literaturereview. J Oral MaxillofacRes. 2014;5(4):e1.

Résumé :

L’avulsion des troisièmes molaires mandibulaires est l’une des procédures chirurgicales les plus fréquemment réalisées.  Le retrait de ces dents a des indications bien précises ; il existe néanmoins de nombreuses controverses concernant l’avulsion prophylactique de dents asymptomatiques.  L’indication repose dans ces cas sur une évaluation du bénéfice/risque de les laisser en place ou non. Cette revue de littérature a pour objectif de mettre en évidence l’incidence des lésions du nerf alvéolaire inférieur (NAI) et les facteurs de risque pouvant expliquer ces lésions, et aider ainsi le praticien à évaluer le risque de son éventuel acte chirurgical.

Sur 84 articles traitant du sujet de 2009 à 2014, 14 ont été sélectionnés pour leur  pertinence (articles en anglais, avec un minimum de 6 mois de suivi, analyse des lésionsrapportées par les patients en s’aidant de l’imagerie médicale et de tests neurosensoriels). Les résultats montrent une incidence de lésion du NAI comprise entre 0,35 et 8,4%. Les résultats montrent également qu’après 6 mois de dysfonctions du NAI, celles-ci semblent permanentes et la récupération complète rare. Il existe finalement peu de critères prédicitifs : un âge supérieur à 24 ans, avec inclusion horizontale de la dent, et un opérateur inexpérimenté.

Commentaire :

En fin de compte, peu de choses de nouveau… Mais si l’on analyse de plus près cet article, on s’aperçoit que certaines techniques alternatives à l’avulsion classique des dents de sagesse mandibulaires incluses, comme l’aide à la migration mésiale par section mésialepartielle de la couronne ou la coronectomie, ont été évaluées et semblent donner des résultats intéressants.  En effet, dans tous les cas (même s’ils sont peu nombreux), la procédure a été efficace et il n’a pas été rapporté de complications cicatricielles, infectieuses ou neurosensorielles. Face à une dent ankylosée et/ou présentant angulation horizontale à proximité du nerf alvéolaire inférieur, il semble donc licite de proposer l’une ou l’autre de ces deux options.