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Revue de littérature - Avril 2017

Revue de la littérature Avril 2017 – Dr. S. Cousty

Symptomatic oral lesions may be associated with contact allergy to substances in oral hygiene products

K. R. Larsen, J. D. Johansen, J. Reibel, C. Zachariae, A. M. L. Pedersen. Clin Oral Investig. 2017 Jan 13. doi: 10.1007/s00784-017-2053-y.

Résumé :

Dans cet article, l’équipe danoise s’est intéressée au lien potentiel entre lichen plan buccal et allergie.

Il est établi que certains matériaux dentaires pouvaient être responsables de manifestations allergiques de contact. Le même constat peut être fait concernant des produits quotidiens d’hygiène buccodentaire. Une exposition prolongée à ces allergènes, chez certains patients, peut entrainer des altérations de la muqueuse buccale.

La question est la suivante : peut-on mettre en évidence une prévalence élevée de ces allergies de contact chez trois catégories de patients : un groupe présentant un lichen plan buccal (OLP) symptomatique, un groupe présentant des lésions lichénoïdes (OLL) et un groupe soufrant de « stomatite »(ST) ?

Soixante-dix-huit patients sont inclus dans cette étude : 49 patients « malades » (19 OLP + 19 OLL + 11 ST) et 29 patients « contrôle », appariés en âge et sexe. Les examens réalisés sont les suivants : interrogatoire, examen clinique, biopsie des lésions buccales, tests épicutanés (patch tests) selon les recommandations de la société européenne de la dermatite de contact.

Les interrogatoires sont tous standardisés, les examens cliniques sont réalisés par un seul opérateur, spécialiste qualifié en pathologie de la muqueuse buccale. Les critères histologiques retenus pour les diagnostics anatomopathologiques sont ceux décris par l’OMS. Les tests allergiques sont réalisés par des dermatologues, de manière calibrée.

Les patients OLP OLL et ST présentent des résultats positifs aux tests d’allergie de contact aux matériaux dentaires, comparables à la population « saine ». Par contre, il semble que les allergies de contact aux parfums contenus dans les produits d’hygiène buccale, soient plus fréquentes dans la population OLP OLL et ST.

Commentaires :

Les manifestations cliniques de l’allergie de contact sont polymorphes, en bouche : lésions lichénoïdes localisées, érythème diffus, œdèmes, dermatite péribuccale, vésicules, bulles, ulcérations, … de la même manière, les signes fonctionnels associés vont de la sensation de brûlure à une altération du goût, ou encore une xérostomie. Du fait de ce polymorphisme, certains auteurs soulignent les difficultés diagnostiques et les prises en charges approximatives de ces affections.

L’étude proposée présente un design intéressant et montre une méthodologie très rigoureuse. Un reproche peut être fait quant au nombre de patients inclus et donc à la puissance du résultat. Néanmoins, cette étude suggère que la sensibilisation aux parfums contenus dans les produits d’hygiène buccale, est fréquente chez les patients souffrant de lichen plan buccal. Dans des prises en charges difficiles ou des échecs thérapeutiques partiels, cette piste pourrait être évoquée…


Risk-based management of dental procedures in patients with inherited bleeding disorders: Development of a Dental Bleeding Risk Assessment and Treatment Tool (DeBRATT)

L. Rasaratnam, P. Chowdary, D. Pollard, B. Subel, C. Harrington And U. R. Darbar. Haemophilia (2017), 1–8 DOI: 10.1111/hae.13122

Résumé :

Cet article d’une équipe anglaise londonnienne s’intéresse au protocole de prise en charge des patients présentant des troubles héréditaires de l’hémostase, lors de prises en charge odontologiques. Les pathologies retenues sont l’hémophilie A, l’hémophilie B, le déficit en facteur VII, les désordres plaquettaires, les maladies de Willebrand de type 1, 2 et 3.

Dans leur travail, les auteurs ont élaboré un index représentatif du risque hémorragique et combinant à la fois des risque locaux inhérents aux procédures de soins oraux, et un risque lié à la sévérité du trouble hémorragique (risque systémique). Les soins locaux sont divisés en 4 catégories : non invasif, peu invasif, modérément invasif et très invasif. Parallèlement à ce classement, les troubles de l’hémostase sont classés en léger, modéré et sévère. Des tableaux à double entrée sont ainsi obtenus.

Les prises en charge sont proposées en fonction des résultats d’une revue de la littérature. Les auteurs réalisent également une étude rétrospective sur 30 patients porteurs de troubles héréditaires de l’hémostase. Ils dressent un bilan de la santé buccodentaire de cette population et étudient la gestion de 200 soins dentaires (depuis le non invasif jusqu’au très invasif) et les complications post-opératoires éventuelles.

Commentaires :

La prévention et le traitement précoce des pathologies buccodentaires débutent dès l’enfance avec des bilans dentaires réguliers et pris en charge par l’assurance maladie. Les patients porteurs de troubles héréditaires de l’hémostase nécessitent une prise en charge particulière. Certains auteurs rapportent une « perte de chance » quant à l’accessibilité aux soins dentaires car certains dentistes sont réticents à soigner ces patients compte tenu du risque hémorragique. Les soins non conservateurs sont fréquemment indiqués. Cette étude propose une gradation du risque hémorragique en fonction du terrain et du geste local indiqué. Ceci permet une discussion encadrée avec l’hématologue. L’exposé est clair et les tableaux de synthèse intéressants. Cependant, on peut regretter le caractère rétrospectif de l’étude. Ce travail peut être considéré comme une première étape.

Après les recommandations récentes, émanant de la Société Française de Chirurgie Orale, concernant la gestion péri-opératoire des patients traités par antithrombotiques en chirurgie orale, en collaboration avec la Société Française de Cardiologie et le Groupe d’Intérêt en Hémostase Péri –Opératoire, cet audit présente un intérêt certain. Une prise en charge réussie et en toute sécurité, implique une collaboration étroite entre hématologue et odontologiste.